Le 6 février, nous embarquons à bord d’un ferry en direction de Buenos Aires, capitale de l’Argentine, située à environ 80 kilomètres de l’autre côté du Rio de la Plata. Après seulement une heure quinze de bateau, l’Uruguay semble déjà loin derrière nous. Nous sommes impatientes de découvrir une ville et un pays dont nous avons tant entendu parler. Impatientes de l’appréhender par nous-même, d’en comprendre les fonctionnements parfois déroutants et de pouvoir percevoir toutes ses richesses. Le contexte politique dans lequel vivent les Argentins·nes a largement été commenté dans la presse internationale. Nous n’en ferons pas l’étalage ici. Ce qu’on peut vous dire, c’est que nous prenons conscience dès les premières minutes de notre arrivées sur le sol argentin des difficultés auxquelles doit faire face la population quotidiennement. Le pays a déclaré en 2022 une inflation annuelle de 94,8 %, parmi les plus élevées du monde. Si vous voulez en savoir plus sur le pourquoi du comment, vous pouvez lire cet article.


On découvre effectivement que l’accès à l’argent est particulièrement compliqué ici. Il existe deux taux de change, qui, comme les prix, évoluent constamment : 

Le taux national qui nous permet d’obtenir 895 pesos argentins pour un euro. 

Le taux parallèle ou « taux blue » qui nous permet d’obtenir 1337 pesos argentins pour un euro.

Vous l’aurez compris, le choix est vite fait… Pour pouvoir obtenir le taux blue, il faut user de stratagèmes bien connus des expatriés. Soit vous changez les euros en votre possession dans des « cuevas », des bureaux de change clandestins dont les rabatteurs vous alpaguent dans les rues touristiques, soit vous utilisez Western Union. On a opté pour la deuxième solution, après avoir constaté que les distributeurs de banque étaient bien vides. En effet, nous n’avons pu retirer que 5 euros, pour… 6 euros de frais pour pouvoir acheter un ticket de bus. Le paiement par carte bancaire nous a été refusé à plusieurs reprises. Elle est très peu utilisable par ici et le taux de change est lui aussi différent du taux national, et du « taux blue ». Vous suivez toujours ? Les Argentin•es ont tellement de mal à obtenir de la monnaie que nombreux sont les commerces ou institutions à refuser la CB ou à offrir des ristournes de 10 à 20% si on paie en monnaie (« en effectivos » en espagnol). 


Après quelques heures d’errements financiers, on comprend que l’adage « le temps c’est de l’argent » a sûrement été inventé par les Argentin·es. On réussit à obtenir 500 euros en pesos grâce à Western Union dans une petite boutique de photocopies minuscule, et on repart avec 6 liasses et demi de 100 billets de 1000 pesos. Pas super sereines. Le lendemain, nouvelle découverte. Le système informatique global pour recharger notre carte « SUBE », celle qui nous permet de prendre les transports en commun, celle qu’on a eu tant de mal à pouvoir se payer ne fonctionne plus. Décidément. 


Les premiers jours, on visite cette ville immense de 14 millions d’habitants. On flâne, on marche beaucoup, on découvre des bâtiments magnifiques. Ici on se croirait à Londres, là à Paris, New York ou encore au Japon. Chaque quartier possède ses spécificités. Recoleta, Retiro, Palermo (celui où nous vivons pour une semaine), San Telmo… et le plus célèbre La Boca. On reste prudentes et vigilantes mais on ne se sent pas particulièrement en insécurité. La mendicité n’est pas très visible dans les quartiers cités, mais on aperçoit de temps à autres des personnes, souvent jeunes, dormant sur des matelas au coin de certaines rues ou dans les parcs. La chaleur est étouffante (ressenti 38 degrés) et l’air particulièrement humide. Les Argentin•es sont moins avenants que les Uruguayen•es, mais pas moins chaleureux lorsqu’on leur demande un renseignement. Pour nous, le coût de la vie est bon marché. On mange dans des petits bistrots loin des artères touristiques pour 5-6€ à deux, on prend le bus pour 40 centimes. Certains graffitis sur les murs rappellent que le football est une véritable religion. Le visage de Maradona n’est jamais bien loin. Samedi soir, nous allons découvrir cette autre facette de la ville en entrant dans la Bombonnera pour un match de la mythique équipe locale Boca Junior. On vous en dira des nouvelles dans un autre article. Hasta pronto !