Après une semaine à Buenos Aires, nous décidons de nous lancer dans notre premier long périple en bus en direction de l'un des endroits les plus prisés du pays : les chutes d'Iguaçu ("Cataratas d'Iguaçu" en espagnol). Arriver jusqu'à la frontière entre l'Argentine, le Paraguay et le Brésil se mérite, en tout cas si on ne souhaite pas prendre un vol interne au départ de la capitale argentine. Au programme : 17 heures de bus aller ; 17 heures de bus retour pour rejoindre Puerto Iguaçu, petite citée située tout au nord du pays, aux portes des plus belles chutes d'eau du monde. En grandes fans de cascades que nous sommes, nous nous étions bien renseignées sur le spectacle qu'offre cet endroit, classé au patrimoine mondial de l'UNESCO. On a vu des vidéos, regardé des photos, lu des récits de voyage... Cela n'est rien à côté des claques visuelle, auditive et sensitive qu'on a prises en découvrant par nous-même les chutes d'Iguaçu. Cet endroit est difficilement descriptible tant il ne ressemble en rien à ce qu'on a pu admirer jusqu'ici. Il ne peut être figé par une image. Aussi dingue que cela puisse paraître, les magnifiques cascades d'Islande, que nous avons eu la chance de voir en 2019, ne font pas le poids face à Iguaçu. Ici, on ne parle pas d'une chute d'eau, ou de quelques-unes. Après avoir passé la frontière brésilienne à bord d'un deuxième bus pour profiter d'abord du côté brésilien des chutes, nous faisons face à un ensemble de 275 cascades formant un front de trois kilomètres environ. On ne sait même pas où regarder tellement le paysage est magique, grandiose. On est éblouies. Émerveillées. Les superlatifs nous manquent. Au cœur d'une végétation luxuriante, remplie d'animaux sauvages que nous apercevons de temps à autre le long de notre balade, chaque point d'observation nous offre à voir ce que la nature a pu créer de plus beau. On profite d'une vue sublime sur les chutes d'eau, puis un ponton nous emmène dans la "gorge du diable", là où se déverse dans un brouhaha incessant le plus gros de l'eau de la rivière Iguaçu, interrompue par ce trou béant. En quelques minutes, nous sommes trempées, mais tellement heureuses de ressentir la force de la nature d'aussi près. Ce jour-là, nous faisons deux fois de suite le même circuit, juste pour pouvoir revoir les chutes d'Iguaçu avec un ciel plus dégagé.

Le lendemain, nous repartons en bus direction les chutes du côté argentin. Les points de vue sont différents, mais tout aussi intéressants. La foule est cependant un peu plus dense, car les bus de touristes visitent en priorité ce côté des chutes. Les coatis, des sortes de ratons laveurs locaux, sont bien présents et tentent de dérober le pique-nique de nombreux visiteurs. De gros papillons de toutes les couleurs nous accompagnent. On est cette fois-ci plus près des chutes, parfois même dessus. La puissance de l'eau qui tombe et s'écrase après un saut de plus de 80 mètres continue à nous fasciner. On en profite pour faire une petite randonnée de huit kilomètres en pleine jungle, après avoir lu attentivement les consignes d'un panneau nous expliquant la marche à suivre en cas de rencontre avec un puma. "Ne pas se mettre à courir, le fixer dans les yeux et se faire le plus grand possible". Ok, et après ? On ne croise pas de puma, mais des fourmis cinq fois plus grosses que chez nous. Ça nous va bien. On repart d'Iguaçu des étoiles plein les yeux, pour presque 20 heures de bus, avec le sentiment que ce long aller/retour n'est qu'une broutille face à ce que nous venons de vivre.