Après deux jours à Punta Del Este, la station balnéaire branchée du sud de l’Uruguay, on continue notre route vers l’est. On traverse des immenses étendues dorées par le soleil pour rejoindre Cabo Polonio, une réserve naturelle investie par des hippies, planquée au bord de l’océan Atlantique. On admire la végétation et les arbres magnifiques. L’océan est presque toujours présent au loin. Ici une maison, quelques kilomètres plus loin une école, puis un poste de police. Des vaches brunes et des chevaux se partagent les paysages. Pas une parcelle ou presque n’est autre qu’une prairie dans laquelle les troupeaux semblent vivre un bout de vie paisible. L’Uruguay compte 3,4 millions d’habitants. 1,3 million vit à Montevideo dans la capitale. Les terres vides d’habitations et de présence humaine sont majoritaires. On aperçoit les fameuses estancias, ces fermes traditionnelles destinées à l’élevage, trônant fièrement au milieu de domaines immenses. Malgré la chaleur, les paysages sont plutôt verdoyants. Pas une goutte de pluie n’est tombée depuis notre arrivée.

Le bus est confortable et le trajet agréable. On arrive après 3 heures de route au milieu de nulle part, au terminal Cabo Polonio. Le voyage n’est pas fini. Ce petit bout de terre se mérite. On embarque par 40 dans un gros camion portant l’inscription « Safari Express ». Nous voilà brinquebalées à travers une autre végétation, sur un chemin de sable fin. L’expérience est amusante. On s’imagine apercevoir dans le maquis un lion, une gazelle, une girafe ou un hippopotame. Après 30 minutes d’un lent rallye dans les dunes, Cabo Polonio apparaît au loin. Magnifique. Un petit village de baraques pleines de couleurs est installé au bout d’une plage immense, totalement sauvage. On débarque et nos yeux s’écarquillent devant cet endroit hors du commun. L’atmosphère y est paisible et sécurisante. Le village est composé de ruelles de sable. Les voitures y sont interdites. Des petits commerces faits de planches en bois et de matériaux recyclés sont installés sur le chemin. Les plages s’étendent à perte de vue.

Notre logement « Viejo Lobo » est typique et vraiment sommaire. Une chambre minuscule avec une fine porte en bois coulissante nous attend. Nous ne sommes pas là pour l’hôtellerie. Ça ira bien pour une nuit.

Une colonie de phoques se fait entendre à quelques centaines de mètres de là. On dirait des gens qui crient à bord d’un grand huit. Nous allons leur rendre visite au pied du joli phare rouge de Cabo Polonio.

Lorsque le soleil disparaît sur l’océan, on contemple un ciel immaculé d’étoiles, comme on a rarement la chance d’en voir. Ici l’électricité est produite par panneaux solaires. On se déplace à l’aide d’une lampe frontale. L’endroit est un repère de jeunes qui cherchent un endroit tranquille et paisible, notamment pour s’adonner à une activité largement répandue dans cette partie du pays : fumer du cannabis. En effet, en 2013, l'Uruguay est devenu le premier pays du monde à légaliser la production, la distribution et la consommation récréative de cannabis. Cela favorise nécessairement le tourisme vert.

Malheureusement, la nuit est moins réjouissante pour nous. Nous nous faisons littéralement dévorer par des moustiques agressifs et insensibles à notre répulsif. Une longue marche au bord de l’eau au petit matin nous fera oublier cette première mésaventure.