Notre (re)découverte du Chili débute à Puerto Varas, plus au sud (nous avions déjà eu un petit aperçu d'une partie du pays en visitant le parc Torres del Paine il y a plusieurs semaines). Après avoir admiré les volcans et sourtout le volcan Osorno, nous disons au revoir à la Patagonie le coeur un peu serré, après un mois et demi passé à parcourir cet endroit fabuleux. Sans aucun doute l'un des plus beaux espaces naturels de la planète. On monte dans un bus de nuit et notre voyage se poursuit par la découverte d'une ville hors du commun : Valparaiso. C'est le port historique de Santiago du Chili, la capitale du pays. Le dépaysement est total. Les glaciers, les montagnes et les forêts patagoniennes sont désormais loin. Cette ville composée de plus de 40 collines, installée au bord de l'océan Pacifique, a une réputation sulfureuse et une histoire culturelle et politique très riche. Elle est le berceau du street art, le lieu de naissance de Salvador Allende (les versions diverges...) mais aussi du dictateur Augusto Pinochet, et la ville de coeur du célèbre poète communiste Pablo Neruda.

On comprend vite ce que les artistes du monde entier trouvent à cette ville. Elle est tout simplement hors du commun. Les graffitis et les fresques street art sont présentes partout ou presque (voir par ici), créant une ambiance particulière dans cette ville de 350 000 habitants. Dans certains quartiers, tous les murs sont bariolés, tagués et recouverts de messages. Partout, nos yeux sont attirés par les multiples couleurs, les fresques perchées sur les maisons, sur les rideaux fermés des commerces. Pour celles et ceux qui aiment l'art urbain, visiter Valparaiso peut prendre des semaines tant les oeuvres sont nombreuses et diversifiées.

On se décide rapidement à faire le tour de la ville avec un guide spécialisé Street Art. On emprunte plusieurs funiculaires historiques de la ville - la ville en compte 15 -, dont l'un d'eux datant de 1883. Grâce à Yonathan, notre guide, on quadrille la ville sans crainte et on se balade dans des quartiers déconseillés aux touristes. Oui, parce que quand on tape Valparaiso dans un moteur de recherche, la première suggestion qui apparaît est "Valparaiso dangereux". Cette réputation est largement renforcée par des statistiques peu avantageuses sur les vols à l'arraché et par certains locaux qui nous précisent qu'il faut bien rester dans telle zone et ne pas dépasser tel endroit si on se promène seules. On ne va pas vous mentir, la mendicité est bien plus importante qu'au sud. Les chiens errants, qu'on est désormais habitués à croiser souvent depuis qu'on est en Amérique du Sud, sont particulièrement nombreux et leurs excréments aussi. Certains nous accompagnent pendant un morceau de notre balade, en nous suivant, nous attendant dans les escaliers... Les chiens libres (comme on les appelle) sont gentils avec les humains, bien plus que ceux domestiqués, qui nous aboient comme des fous lorsqu'on passe devant la cour intérieure de "leur" maison.

On visite également les alentours de la ville. On traverse Vina del Mar, la voisine "bourgeoise" de Valparaiso. Depuis le micro (un petit bus de ville) qui longe l'océan, dans lequel on se rend jusqu'à des dunes magnifiques situées à 20 km de Valparaiso, on constate de plein fouet le fossé qui sépare économiquement les deux villes. Vina del Mar est propre, moderne. On y trouve des grandes enseignes internationales et des maisons de luxe. À Valparaiso, on se demande comment certaines bâtisses tiennent encore debout. Ce constat nous semble illustrer parfaitement l'une des tristes spécificités du pays. Ici, 1% des Chiliens les plus riches représentent le tiers du PIB. Le Chili est l'un des pays les plus inégalitaires du monde.


>> Article universitaire à lire si vous souhaitez en savoir plus sur la situation économique du Chili et la grande révolte de 2019.

>> Article de Libération.